Je ressens l’abandon, pourtant j’ai passé l’âge, l’âge adulte.
Je ne gère pas la gravité, lutte pour éviter la chute.
J’laisse aller.
J’ai la pression, l’impression que c’est dépassé d’solliciter
un peu de soutien, que soudain, on me donne la main, sans la lâcher.

J’aimerais m’sentir entourée dans les étapes, quand ça dérape,
sentir que je peux tenter, que je peux oser le changement de cape,
qu’on m’offre les bras qui serrent fort, qui portent qui transportent
qu’on me chuchote ça va aller, ça va aller, ça va aller !

J’laisse aller,
ça y est j’laisse aller.
J’abandonne sans pour autant renoncer.


Je crois que j’ai sauté beaucoup trop de classes pendant l’enfance,
je n’ai pas loupé les cours mais les codes, l’école de l’insouciance.
Je n’ai pas trouvé la récré, j’étais bloquée dans mes pensées.
J’laisse aller.
Si j’avais su, j’aurais demandé que l’on me souffle la légèreté.

J’aurais aimé qu’on me laisse le temps vacant, le temps d’apprendre mes gammes.
J’aurais aimé être une fillette avant d’être femme, coller des gommettes
avant de teinter mes pommettes, arrêter le temps à toute vitesse.
Faire du toboggan un torrent de possibles, tremplin de promesses.
Décorer l’espace de pacotilles, de billes, de peinture,
sans se faire de bile, tenter, ou même rater, raturer les murs.
Rire aux éclats à la marelle et puis sauter dans le ciel.

J’laisse aller,
ça y est j’laisse aller.
J’abandonne sans pour autant renoncer.


Prendre refuge dans le regard aimant, soutien inconditionnel.

J’laisse aller,
ça y est j’laisse aller.
J’abandonne sans pour autant renoncer.


Sous la nappe, je construis ma tente, toute toile tendue devient tipi.
J’peux tendre l’oreille, tenter une immersion sans sortir de mon nid,
déguiser la réalité, croire aux histoires imaginées,
et à ce voeux que j’avais lâché, sur ce ballon gonflé.
Décrocher le remède pour la soulager.

J’laisse aller.

J’aurais aimé connaître l’enfance.
Je crois que mon sentiment d’abandon c’est son absence.
J’ai décidé de l’émanciper, de lâcher la prise du passé.

J’laisse aller,
ça y est j’laisse aller.
J’abandonne sans pour autant renoncer.


Prendre refuge dans le regard aimant soutien inconditionnel.

J’laisse aller,
ça y est j’laisse aller.
J’abandonne sans pour autant renoncer.


J’laisse aller,
ça y est j’laisse aller.
J’abandonne.